Si les outils
et technologies numériques sont désormais
intégrés et invisibles dans les domaines les
plus triviaux ou les plus nobles de nos vies,
ils donnent néanmoins lieu à des pratiques
artistiques d'appropriation, de détournement,
d'expérimentation et de création qui peuvent
être abordées d'un point de vue poétique
aussi bien que critique. Comment ces
pratiques se déploient-elles dans le champ
de la littérature – dont le véhicule
principal est le livre, chargé d'un
imaginaire de stabilité et de pérennité ? et
plus précisément encore: dans la littérature
au croisement de la performance – domaine du
fugitif, hic et nunc ? Abordé selon des
perspectives esthétiques, poétiques ou
critiques, ce champ problématique, à la
rencontre des littératures, performances et
technologies – entendues chacune dans un
sens pluriel – s'avère particulièrement
fertile. L'étude des liens entre
littératures et performances1, entre
performances et technologies2 ou littérature
et numérique3, ayant donné lieu ces
dernières années à une production abondante,
il s'agit, dans ce numéro de Formules,
d'aborder des travaux se développant au
croisement triple entre littératures,
performances et technologies afin de faire
apparaître certaines problématiques, angles
morts ou sujets pluridisciplinaires encore
peu développés et dont nous nous attacherons
à mettre en exergues quelques traits
saillants.