L’Oulipo
a investi les savoirs de manière remarquable. Les
contraintes, pratiques les mieux connues du groupe,
n’ont-elles pas été définies, le plus souvent,
autant grâce aux mathématiques qu’à l’érudition (via
le plagiat par anticipation) ? On peut encore
évoquer la « curiosité », et l’expertise,
scientifiques des deux fondateurs du groupe,
François Le Lionnais et Raymond Queneau. Le volume
envisage cette dimension historique. Il tente de
déterminer également la manière dont les savoirs
nourrissent les œuvres des oulipiens, avec un accent
sur la pseudo-érudition, définie par Georges Perec.
Il cherche à montrer, encore, comment ces œuvres
interrogent ou nourrissent les scientifiques
institutionnels eux-mêmes. Finalement, il donne
l’idée d’un tissu de relations dont la quenine est
le meilleur symbole : généralisant les permutations
observées dans la sextine du troubadour Arnaut
Daniel, Queneau fait œuvre de mathématicien, en des
recherches encore poursuivies aujourd’hui, à la
suite de Jacques Roubaud. Et la quenine sert ensuite
l’invention formelle oulipienne, de manière
répétitive, au point de devenir un signe de
reconnaissance (ce dont témoigne notamment la
trilogie d’Hortense, du même Jacques Roubaud).
Actes du
colloque international, qui s’est tenu à Paris du 11
au 13 mai 2017 (Thalim, université Sorbonne nouvelle
et Cerilac, université Paris Diderot).